Pourquoi avons-nous tendance à réagir au moindre "Signal" plutôt qu'avec notre esprit critique ?
Updated: May 5, 2022
L'actualité regorge d’évènements mettant notre esprit critique, pour ne pas dire notre faculté de raisonnement, à rude épreuve.
Cet article est l'occasion d'analyser les suites d'un évènement récent résultant d'un tweet d'Elon Musk, le patron de Tesla et de SpaceX .

Comme vous pouvez le constater, le serial entrepreneur informait les terriens de manière laconique qu'il quittait WhatAapp pour aller chez un concurrent jusqu'ici pratiquement inconnu de tous...Signal. La raison principale de cette information ? Des changements dans la politique de confidentialité de l'application de messagerie aux 2,5 Milliards d'abonnés.
Le Signal d'Elon pour quitter Whatsapp :

Dans ce monde hypra connecté, les conséquences de son tweet furent immédiates et on ne peut plus irrationnelles.
La première, comme un seul homme, la plupart de ses followers et utilisateurs de Whatsapp ce sont dirigés vers l'opérateur Signal jugé comme étant plus respectueux des données fournies par ses clients. De votre côté, si vous n'avez pas suivi le mouvement de masse, peut-être avez-vous vu passer sur...Whatsapp des messages de vos contacts annonçant qu'ils quittaient la plateforme pour rejoindre Signal.
À la moulinette de l'analyse critique :
Ce qui peut paraître surprenant lorsque l'on regarde froidement cet évènement, ce sont les réactions presque instantanées des utilisateurs de WhatsApp passant en masse vers un opérateur pratiquement inconnu du grand public.
Certes, Whatsapp a annoncé qu'à partir de février sa politique d'échange de données entre les plateformes sœurs de Facebook et Instagram allait être modifiée. Ceci, dans le but de monétariser Whatsapp, car rien n'est en effet gratuit dans ce monde ou en tous cas ne peut le rester indéfiniment (WhatsApp fut achetée en 2014 par Facebook pour 13 Milliards d'USD). Qui plus est, vous n'êtes pas sans savoir que WhatsApp partageait déjà certaines informations avec Facebook depuis...2016 !
Alors respirons un bon coup et regardons les choses avec détachement :

Quid des informations partagées par WhatsApp avec Facebook et de l'utilité de passer chez l'opérateur Signal ?
1. Avez-vous entendu parler du GDPR ou RGPD en français (Règlement général sur la protection des données) ?
Toutes les entreprises disposant de clients européens se doivent de suivre la règlementation européenne en matière d'échange de données à caractère personnel. Faute de quoi, ces entreprises pourraient se voir infliger une amende s'élevant jusqu'à 4% de leur chiffre d'affaires ou 20 MM EUR.
Qu'un américain se pose la question de savoir ce qu'il advient de ses
données personnelle parait circonstancié. On se souvient du scandale de
Cambridge analytica et Facebook. Suite à cela l'oncle Sam planche sur une
législation équivalente au RGPD Européen sous l’intitulé du Consent Act.
Mais nous, en tant qu'utilisateurs européens, nous sommes derechef
protégés par cette directive rendue obligatoire sur tout le territoire de
l'Union Européenne depuis le mois de mai 2018.
2. Le partage de nos publications :
Certaines personnes s'inquiètent du changement de politique de confidentialité de Whatsapp mais n'ont aucun mal à partager les photos de leurs enfants. D'autres, partagent sans soucis les moments de leur dernière fête d'anniversaire tenue en présence d'amis en plein confinement tout en s'étonnant de recevoir la visite de la Police quelques jours plus tard. Et pour finir, Arsène Lupin est souvent très heureux de pouvoir rendre visite en toute discrétion, à ceux qui indiquent parfois en direct et avec imprudence aux yeux de la terre entière l'agenda de leur voyage. Car oui, tout ce que nous partageons sur les réseaux sociaux est susceptible d’atterrir chez une personne indésirable.

De plus, selon Michaël Szadkowski et Antoine Delaunay via un article paru dans Le Monde : "Les données collectées par WhatsApp sont relativement peu nombreuses et moins impressionnantes en comparaison à Facebook" et ils ajoutent qu'en outre : "Les données liées à votre compte personnel ne contiennent donc aucune des discussions que vous avez tenues sur WhatsApp." Bref, pas de quoi vous inquiétez des discussions échangées confidentiellement avec votre patron ou la personne à qui vous vous confiez sur l'oreiller lorsque votre conjoint part en vacances.
3. Passer de Whatsapp, faisant partie de Facebook , vers Signal...mais qui est derrière Signal ?
Parmi toutes les conséquences, celle qui me surprend le plus , c'est lea décision de quitter un opérateur réputé et dont le communications sont chiffrées vers une application totalement inconnue. Si je pose la question à 100 d'entre-nous, connaissez-vous Signal, je veux dire sans aller regarder sur Google ? En toute franchise, avant d'écrire cet article j'étais incapable de répondre à cette question.
Voici pour répondre à votre impatience, Signal est une entreprise américaine financée par une fondation à but non lucratif. Tout comme WhatsApp, cette application est chiffrée..Ceci permet d'eviter aux intrus de lire vos messages, au contraire d'une application comme Messenger par exemple. Les fondateurs de Signal : Moxie Marlinspike et Brian Acton sont d'anciens de Whatsapp et de Facebook. Pour plus d'informations, n'hésitez pas à vous référez aux article en annexe.
Sur base de ces informations, peut-être que certaines personnes émettrons un autre jugement et reverront leur position.
Petite cause, grandes conséquences sur les marchés financiers
Mauvais "Signal" pour l'envolée boursière !
L'autre résultat engendré par l'annonce de l'homme considéré aujourd'hui comme étant le plus riche au monde est la réaction surprenante du marché à propos de l'action Signal Advance (SIGL) cotée sur la bourse américaine.

Cette action, dont le cours était encore à 0,50 USD le 20 décembre dernier a passé la barre des 70,80 USD vers le 11 janvier. En cause, une erreur de Signal ? Incroyable mais vrai des investisseurs, peu informés, ce sont précipités sur cette action technologique spécialisée dans la détection et qui n'a rien à voir avec l'application de messagerie. Il y a fort à parier que les dirigeant de la susnommée n'auront pas vus venir ce signal venu d'ailleurs.
Comme vous pouvez l'observer sur le graphique ci-dessus, le cours de bourse de cette action a connu une forte envolée soudaine et retournera plus que probablement sous peu à un niveau correspondant à sa valorisation. Certains investisseurs peu informés auront perdu beaucoup d'argent suite à leur décision d'acheter une action sans la connaître. Sans les blâmer, nous pourrons toutefois être attristés des conséquences dommageables pour leurs portefeuilles. Le but de cet article et, comme de nombreux autres, d'informer sans relâche les candidats investisseurs. Je souhaite leur éviter de prendre des décisions en manquant d'éléments d'information. Des décisions souvent prises sur base de biais cognitifs propre à tout Homo Sapiens que nous sommes.

S'il y a un biais cognitif qu'il faut retenir de cette histoire, c'est que notre cerveau a une propension à suivre des raccourcis dans ses raisonnements.
A ce titre, une analyse des chercheurs du MIT David Rand et et Gordon Pennycook, de l’École de commerce Hill-Levene de l’Université de Regina aux Etats-Unis a démontré que les participants, auxquels nous pourrions tous nous identifier, ont crû à de fausses nouvelles même lorsqu'elles ne correspondaient pas à leur propre opinion. Pour quelle raison me direz-vous ? Simplement par paresse du cerveau. En effet, ces participants se fiaient à leur intuition pour décider si la nouvelle était vraie ou fausse, plutôt que de prendre le temps d’y réfléchir.
Dans ce cas de figure, avant d'investir, ces personnes ne se sont pas posé la question de savoir si Signal était bien la messagerie Signal. Certains ont probablement été voir sur Google et ont découvert qu'il s'agissait d'une entreprise technologique (biais de confirmation) mais n'ont sans doute pas été plus loin en effectuant le travail dans l'autre sens en se posant également cette question : "Mais à qui appartient la messagerie Signal ?".
C'est dommage de perdre de l'argent suite à une réaction basée sur une intuition ou une charge émotionnelle. Voilà sans doute le message envoyé par le cerveau :
"Hum voici une bonne opportunité d'investissement d'autant plus que l'action ne coûte rien, même pas 1 USD"
En gros, je ne dois pas trop me tromper en interprétant le signal qu'à dû leur envoyer leur cerveau.
Par contre, les esprits les plus analytiques d'entre-nous auront vu une aubaine par rapport à une action qui vaut 0,60 USD coter plus de 70 USD. Un pari à la baisse qui a dû leur rapporter beaucoup d'argent.
Conclusions :
Une fois de plus, cette actualité doit nous permettre de prendre conscience de l'importance d'user de son esprit critique dans les décisions que nous prenons et encore plus lorsque nous y investissons de l'argent. Lorsque nous ne sommes pas certains de nos choix, parlons-on en à un conseiller en investissement dont l'expertise nous permettra non seulement d'y voir plus clair mais surtout grâce à l'échange professionnel d'y voir clair en mettant nos émotions de côté.
Sources :
Clubic : WhatsApp, Signal : pourquoi tout le monde panique soudainement au sujet de ses données ?
Application Signal (Wikipedia) 20 Minutes : « Use Signal » : Avec ce tweet, Elon Musk a fait bondir sans le vouloir l'action d'une autre entreprise Radio canada : Pourquoi croit-on les fausses nouvelles?
Captaincontrat : RGPD 2018 : quelles sont les sanctions prévues ?
Le Monde 15/01/2021 : Whatsapp, quelles sont les données personnelles stockées par l'application?
Hass Avocats : Vers un rgpd américain ?
#Signal #biaiscognitifs #émotions #finances #privatebanking #patrimoine #gestion #ElonMusk #WhatsApp