Le refus d'acter une perte, un biais psychologique parfois néfaste pour la gestion d'un portefeuille
Updated: Jan 13, 2021
La finance comportementale, cette branche de la finance dont l'objectif est d'analyser et comprendre les comportements des financiers est apparue fin des années '60. Plusieurs économistes ayant le goût pour la compréhension des réactions du cerveau humain, les béhavioristes, ont pris conscience de l'importance de notre part irrationnelle dans nos décisions d'investissement.

C'est à ce titre que Hersh Shefrin et Meir Statman ont publié une étude qui nous ouvre les yeux sur une prédisposition intéressante, selon laquelle Homo Sapiens Sapiens...Economicus ne serait pas disposé à vouloir acter une perte. Par conséquent, les investisseurs auraient une propension à conserver des titres ayant chuté dans l'espoir d'un retour, parfois utopique, au cours initial.... à savoir pour eux le cours d'achat.
Les analystes vous diront que le cours d'une action n'a aucun rapport avec son prix d'achat, mais bien avec sa valeur intrinsèque et à l'attente de bénéfices futurs. Si on fait appel à la raison, tout le monde comprend cela, toutefois notre cerveau nous joue parfois certains tours fâcheux.
Cette disposition, vous le comprendrez aisément, est purement psychologique car elle agit directement sur nos émotions, dont celle de ne pas avoir de regrets. De plus, ce biais peut également être cumulé à notre attachement à une valeur particulière, ce qui est également sans fondement rationnel. En effet, nous avons une tendance à donner plus de valeur à un titre ou plus généralement à un bien qui est en notre possession.
Souvenez-vous, du début du siècle, Nokia était en ce temps-là leader sur le marché (47 pct de parts de marché en téléphonie mobile), l'opérateur mobile le plus innovant, certains d'entre-nous étaient fiers de posséder leurs derniers modèles oui mais ça c'était en 2000! Depuis lors, de nouvelles entreprises sont arrivées sur le marché parmi lesquelles Samsung et bien évidemment Apple, reléguant Nokia et Blackberry (le leader du marché business) aux oubliettes.

Combien d'investisseurs n'ont-ils pas dans leur portefeuille un titre qu'ils souhaitent garder à tout prix, car ils y sont viscéralement attachés. Mais est-ce bien raisonnable ? Si vous étiez une trader à la City de Londres ou analyste pour Warren Buffet, conserveriez-vous objectivement ce titre en portefeuille?
En conclusion, posez-vous cette question: quels sont les titres dans mon portefeuille auxquels je suis attaché et dont j'attends un retour prochain au cours d'achat?
Pour vous assister dans une analyse objective de votre portefeuille, le meilleur conseil que l'on puisse vous donner est de faire appel à votre gestionnaire de patrimoine. Celui-ci vous aidera à prendre vos décisions sur base objective, et ce,en tenant compte de vos "(pré)dispositions psychologiques".
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_de_disposition
https://www.investopedia.com/university/behavioral_finance/
https://www.statista.com/statistics/263438/market-share-held-by-nokia-smartphones-since-2007/
http://michael-mangot.com/wp/finance-comportementale/cest-quoi/